Natacha Marleau (+19)

Coteau-du-Lac

Tes contours esquissent un cône pointant à l’est. Là, d’ailleurs, où Montréal commence. D’est en ouest et inversement, d’eau tu nous traverses.

Après avoir quitté les ponts Galipeault ou de l’Île-aux-Tourtes, la vue s’adoucit soudainement. Elle glisse le long du lac des Deux-Montagnes ou arpente la rivière des Outaouais, selon l’itinéraire. Ton panorama a enchanté nombre de citadins en quête de plans d’eau.

Au nord-ouest, la rivière des Outaouais, celle-là même de La Bitt à Tibi, s’écoule des souvenirs de draveurs juchés sur des billots prenant source à Pointe-Fortune qui entament « En revenant de Rigaud » avant de s’apaiser à Hudson. Des Outaouais resurgit lac des Deux-Montagnes sur le chemin de l’Anse où le vent gonfle les voiles des planchistes, en face de chez Félix, et celles d’une multitude de voiliers à Vaudreuil-sur-le-Lac. Deux-Montagnes, le lac, visite L’Île-Cadieux et la baie de Vaudreuil pour redevenir des Outaouais dans le Vieux-Dorion. Cette même des Outaouais qui caresse Terrasse-Vaudreuil, se glisse dans la Bellevue de Pincourt pour se transmuter en lac Saint-Louis aux abords de L’Île-Perrot. Tout Perrôt, avec un point d’orgue à sa Pointe-du-Moulin, respire cette contemplation large et sans fin.

Tes berges, toutes au sud, s’entament avec le Saint-François, qui berce le village de Rivière-Beaudette, s’élongent à Saint-Zotique où les plagistes te font fête, côtoient le grand quai de Les Coteaux, anciennement Landing, pour réapparaitre fleuve aux rapides de Coteau-du-Lac. Ce même Saint-Laurent glisse le long de l’ancien Petit pouvoir électrique de Les Cèdres, rencontre son grand quai, sa centrale électrique pour se fondre en lac Saint-Louis à Pointe-des-Cascades.

Et que dire de ton canal, celui de Soulanges, de l’embouchure ouest jusqu’au parc des Ancres, qui regorge d’histoires creusées par les mains de nos arrière-grands-pères et de travailleurs étrangers qui t’ont vu naitre en 1892 et devenir navigable en 1899. Je me réjouis de voir autant de pêcheurs t’y visiter en garant mon vélo à l’angle de Saint-Emmanuel, là où mon grand-père fut pontier.

Tes rivières, qu’elles soient Beaudette, Rouge, Delisle, Quinchien, Raquette ou à la Graisse courent tes longues terres du nord au sud. À motoneige ou à mobylette, j’ai arpenté celles de Très-Saint-Rédempteur, de Sainte-Justine-de-Newton, de Saint-Polycarpe (où je fus étudiante) et de Saint-Clet. Au petit trot, j’ai suivi tes sentiers menant à Saint-Lazare et tes courbes sensuelles qui gravissent Saint-Télesphore et Sainte-Marthe.

Au nord, ta montagne, notre étoile polaire brille. Rigaud suinte l’érable au printemps et regorge de couleurs à l’automne. L’hiver, les skieurs explorent tes pistes et l’on entend tes chants sacrés s’échapper de ton sanctuaire l’été.

Vaudreuil-Soulanges, je t’aime. Je t’aime de souvenirs et je t’aime en devenir ! Tu sens la pinière et le printemps à la fois. Hiver comme été, tes eaux scintillent et tes terres foisonnent l’automne.

Et je ne peux passer sans saluer chaleureusement tes habitants de souche et tes courageux nouveaux arrivants qui te rendent encore plus diversifiée, belle et accueillante ! Vaudreuil-Soulanges d’antan comme au présent, notre diamant, je t’aime tout simplement !