Michel Crépault (31 ans +)

Hudson

Pour Vaudreuil-Soulanges, j’aimerais…

… que la langueur du canal de Soulanges inspire les contemplatifs et les historiens en herbe, que les lacs Saint-Louis, Deux Montagnes et Saint­ François suscitent la plaisance dans une ambiance courtoise, que les réseaux cyclables, pédestres et équestres traitent aux petits oignons jantes, semelles et sabots, tandis que bois et fers catapultent l’oiselet vers des verts tendres.

J’aimerais aussi, pour enjamber le royal St-Laurent et la fougueuse Outaouais, des ponts à la douzaine dotés de travées généreuses et assez robustes pour défier les siècles !

J’aimerais que les parcs industriels bourdonnent sans s’essouffler, que dans les hangars longs comme un boulevard s’invitent des travailleurs fiers de leur labeur et dont le produit fini valorise qualité et équité.

J’aimerais que de la Pointe-du-Moulin au mont Rigaud, du parc historique de Coteau-du-Lac à la
Maison Trestler, l’esprit de Félix souffle sur les écoles comme une bise en juillet afin que des classes s’élève la créativité d’une nation qui a apaisé la colère de l’alouette.

J’aimerais que le transport collectif soit un réflexe naturel et que les autoroutes fluides et fleuries facilitent la mouvance de gens moins pressés vers des sentiers où une farandole d’odeurs et d’humeurs vagabondes accueillent les randonneurs.

J’aimerais que la santé soit célébrée jour et nuit dans les cliniques, les hôpitaux et les résidences afin que nous, humains de passage, puissions prolonger autant que faire se peut notre aventure au pays des merveilles.

J’aimerais que les locomotives, métronomes de nos journées, substituent à leur sifflet plaintif une floppée de notes qui évoquerait la mélodie du bonheur, qui signalerait dès le lever du corps que le meilleur reste à venir.

J’aimerais que les rues des agglomérations à califourchon entre rigueur urbaine et saveur de village se mettent sur leur trente-six pour accueillir le visiteur avec des teintes pastel.

J’aimerais enfin qu’au dernier souffle, mon âme plane à la façon grand héron pour contempler ma descendance qui s’émerveillera à son tour de cette courtepointe vingt-trois fois tissée d’amitiés et d’humanité.