Marie-Belle Ouellet (+19)

Les Cèdres

Vaudreuil-Soulanges sur le bout de ma langue

J’aime ma région avec ses maisons qui respirent, ses bibliothèques qui racontent, ses  parcs qui font parler la mémoire, et ses trois lacs qui chantent l’avenir de toute la communauté.

Depuis que je suis toute petite, je pousse à travers les mots. Je m’émerveille d’un rien. Je suis en admiration devant les beautés de chaque horizon. Pour moi, le langage d’une région est un jardin délicat de belles phrases dans lequel fleurir. À présent, je vous invite à préserver le souffle unique de notre territoire sur chaque pouce carré de ce texte.

C’est d’abord le souhait de fonder une famille qui nous a poussés à nous établir sur l’île. Les nuits d’été, les lucioles illuminaient le boisé qui longeait la rivière des Outaouais. À l’abri du bruit, nous avons fait mûrir la poésie. Au fil des saisons, nous faisions des escapades dans les fermes agricoles. Ces courts séjours de villégiature nous offraient une vue imprenable sur l’île de Montréal, le lac Saint-Louis et les navires de charge qui y passaient en catimini. Nous avons aussi eu l’occasion d’apprécier le jargon pittoresque des maisons d’antan. Ces découvertes des premières années furent des plus délicieuses.

Et un jour, animés du désir ardent de défricher la parole, nous avons trouvé refuge dans la ville vibrante de Vaudreuil-Dorion. Durant ces années prolifiques, les parcs aux abords du lac des Deux-Montagnes et de la rivière Quinchien devinrent des havres pour faire éclore notre créativité. Nous sentions que nous faisions partie de ce dialecte incomparable qu’est cette grande famille de la culture.

Explorer les adjectifs des villes et des villages environnants, c’est un désir qui a germé dans le cœur de ma famille. Aujourd’hui, la campagne de Les Cèdres circule dans nos veines. Peu importe où l’on décide de poser le pied, fleuve ou forêt sont au rendez-vous. Nous sommes libres de planter nos rêves, bercés par le murmure de la nature. Pour la Gaspésienne que je suis, l’appel de la tranquillité est comblé. Et lorsque l’automne arbore ses couleurs chaudes, les oiseaux refusent de quitter le nid. Les pommiers du quartier nous tendent leurs derniers fruits avec le sourire. Le village tout entier s’exprime, somptueux dans sa simplicité. Ça me rappelle mon enfance.

Dès que l’hiver met son manteau blanc, que les champs s’endorment sous le verbe du vent, on savoure nos récoltes. En attendant le printemps, on butine d’activité hivernale en festival ou on change d’air sur la montagne de Rigaud. Lorsque la belle saison revient pour semer  la joie, on enfile nos vélos sur la piste cyclable du canal de Soulanges. Que l’on parte du convivial Village des Écluses pour se rendre au festif lac Saint-François, peu importe l’arrêt ou la destination, on en profite chaque fois pour cultiver la discussion en bonne compagnie. Depuis que j’ai pris racine à Vaudreuil-Soulanges, je me laisse surprendre par son vocabulaire coloré. Ce sont les métaphores de ce patrimoine foisonnant qui gardent la richesse de nos accents en éveil.