Linda Perron (31 ans +)

Rigaud

POUR VAUDREUIL-SOULANGES, J’AIMERAIS …

Faire revivre un sentiment

« Merci Gérard ! Tu ne sais à quel point tu me dépannes. Ce couteau à pelouse est

ce qu’il me faut. Je te le rapporte demain. »

Papa était un grand bricoleur. Il savait se débrouiller, c’était un homme de son temps. Il avait accumulé au fil des ans une grande quantité d’outils de toutes sortes pour exécuter ses nombreux projets. Certains avaient plus d’une génération. Souvent, les voisins venaient le solliciter pour lui emprunter. Ça lui faisait plaisir.

Et tout naturellement, Clément débarquait quelques jours plus tard avec la fameuse tarte au sucre de sa femme Monique. C’était une façon de dire merci. Il y avait aussi Maurice qui s’enorgueillissait de réparer gracieusement notre capricieuse motoneige qui prenait de l’âge. Sans parler d’Annabelle qui reprisait nos lainages en échange de petits fruits sucrés que maman lui laissait cueillir dans notre jardin. Il lui arrivait même d’enseigner la couture à maman dans ses temps libres.

Une pelle, une grande échelle ou de la ficelle rendaient notre vie belle.

C’était la période de l’échange de services ou de biens, sans aucun mouvement d’argent. À une certaine époque, on parlait de « troc ». J’ai souvenir que ces échanges entre voisins, famille et amis se faisaient spontanément, sans attentes, sans compter, et pour le plaisir. Et j’ai été témoin des bienfaits de cette manière de vivre qui favorise le sentiment de convivialité, d’ouverture et d’appartenance.

Si on y pense, c’était très avant-gardiste puisque c’était une excellente façon de briser le cycle de la consommation en plus de m’avoir inculqué la qualité de générosité par son exemple. Et, nous savons tous que donner se traduit par une augmentation de son propre bonheur.

Je ne crois pas qu’il soit utopique de souhaiter revenir à ces valeurs d’entraide et de partage puisque je le vis actuellement dans mon quartier. En clin d’œil à mon père, j’aimerais qu’on fasse la promotion de ces actions « à grande échelle » et qu’elles soient valorisées.

Pour des humains plus heureux, et une planète plus saine.