Vaudreuil-Dorion
Une immense baleine sur l’Outaouais
Aujourd’hui, je suis allé pêcher sur la rivière des Outaouais, à Vaudreuil-Dorion. Là, j’ai attrapé un petit poisson que j’ai remis à l’eau, car il a besoin de grandir pour pouvoir avoir des petits. Épuisé par la chaleur toujours croissante, je suis rentré chez moi avec un seau vide. Demain, je me lèverai tôt pour attraper un plus gros poisson ou un requin féroce ou une baleine bleue, ce rorqual gigantesque qui pèse des tonnes et qui traverse les mers et les océans dans les histoires, les contes et les légendes. Si c’est ce monstre marin que j’attrape, je le ramènerai, qui sait, en le tenant par l’une de ses nageoires, pour que vous, mes enfants, puissiez le caresser et le nourrir, et vous serez trempés par son souffle colossal projeté vers le ciel depuis son spiracle. Cependant, nous la libérerons, pour assurer sa progéniture et pour qu’elle continue son voyage vers l’infini Artique, car les baleines aiment les eaux froides et la liberté éternelle. C’est là qu’elle donnera naissance à ses petits, qu’elle emmènera avec elle l’été prochain, en suivant la route invisible que seules les baleines connaissent bien. Ici, elle nous reconnaîtra et cette fois nous n’aurons pas besoin de la surprendre avec nos ruses prédatrices, car elle s’approchera de nous en nous donnant son affection et sa candeur magique. Nous nourrirons la baleine et ses bébés avec nos seaux remplis de milliers de petits poissons, comme ceux qui elle avale dans les eaux profondes. Les baleines n’ont pas de dents pour les attraper ; elles les aspirent. C’est ce qui arrive aux pêcheurs et aux marins qu’elles rencontrent dans les eaux lointaines. Et lorsque ceux-ci se sentent pris au piège dans l’épais brouillard de leur intérieur, ils allument des feux-de-joie, des bougies, des torches, des allumettes pour ne pas devenir aveugles ni avoir peur ni se sentir mal à l’aise. Et quand la fumée qui s’étend la fera suffoquer, elle toussera pour s’éclaircir la gorge, les expectorant de ses entrailles, indemnes, mais trempés, à moitié aveugles, assoiffés et tristes d’apprendre que leur navire a été coulé par le poids énorme du monstre marin. Ce qui se passe, c’est que la baleine pensait, croyait ou imaginait que les humains faisaient partie de son régime quotidien dont elle jouit en abondance dans les eaux profondes des mers éternelles sur lesquelles elle règne.

