Saint-Lazare
Anne et moi étions des sœurs inséparables. Nous faisions tout ensemble. En effet, nous n’étions jamais séparées. Nous étions dans la voiture avec notre mère après avoir entendu la pire nouvelle du monde. Cette mauvaise nouvelle était que nous n’allions pas à Hawaï à cause du divorce de nos parents. C’était une manière terrible de manquer les meilleures vacances de notre vie.
- Pourquoi on ne va pas à Hawaï ? ai-je demandé pour la millionième fois.
- Je l’ai déjà dit, Charlie, répondit ma mère. Ton père et moi aurions payé ensemble pour ce voyage, mais nous ne sommes plus en couple. Au lieu de cela, nous allons à un endroit appelé l’Auberge Willow Inn, située à Hudson.
L’auberge était magnifique. Nous étions impressionnées par le décor. L’employé nous montre nos chambres lorsqu’il commence à parler.
- Vous êtes dans la chambre de Maude, la petite fantôme.
Il nous raconte l’histoire triste de la jeune servante. - Elle a été tuée et enterrée au sous-sol en 1930, poursuivit l’homme, les propriétaires l’ont trouvée morte un matin de novembre.
- Est-ce qu’il y a une autre chambre ? demande ma sœur en tremblant.
- Tout ira bien, répondit ma mère.
La nuit tombée, ma mère était sortie pour jouer au bingo près de l’auberge.
- Je serai de retour vers 22 h. Anne donne un câlin à notre mère.
- Ne parle pas aux étrangers, ajoute-t-elle.
Lorsqu’elle est partie, Anne ouvre la garde-robe près du grand lit. « Wow ! » crie-t-elle, « regarde cette boîte à musique. » C’était la plus belle boîte à musique que j’aie jamais vue. Elle était entièrement en or, avec des sculptures sur chaque barre du coffre rectangulaire. Ma sœur ouvre le coffret et disparaît ! Ce que je ne savais pas, c’était qu’Anne n’était plus en 2025. Elle se retrouve face à une jeune femme qui la regarde. Elle semble être une servante. Ma sœur recule, confuse, se demandant comment elle a disparu et qui m’a remplacée dans notre chambre. Ma sœur, timide, court dans la garde-robe pour se protéger et, d’une manière ou d’une autre, elle revient au présent où elle m’explique tout. Je réalise que nous ne sommes pas seules dans la chambre. Derrière moi se trouve un esprit qui nous observe. Une femme toute de blanc vêtue crie : « Aidez-moi ! » La peur monte en moi et nous hurlons de toutes nos forces. Ma sœur crie si fort que j’ai besoin de me boucher les oreilles. Lorsque la créature crie, ses yeux deviennent d’un rouge horrible. Elle ne nous laisse pas tranquilles. Nous voulons partir, mais il est hors de question de passer devant cette fantôme qui bloque l’entrée.
- Aidez-moi, sinon… répète la jeune femme.
- Oui, on va t’aider, mais pars, pleure Anne.
- Quoi ? demandais-je fort, mais elle ne m’écoute pas.
- Pars ! gronde ma sœur.
- Je ne l’ai jamais vue aussi énervée.
- Sinon… continue-t-elle.
Finalement, comme le vent, la créature disparaît.
- On doit l’aider, disait Anne.
- Tu penses que c’est Maude ? lui demandai-je.
- Certainement, me répondit-elle, c’était la même femme que j’ai vue lorsque j’ai ouvert la boîte à musique.
- Mais…
C’est évident Charlie et dans la boîte, elle ressemblait à une servante, ajoute Anne. Elle avait peut-être raison, alors je décidais que je l’aiderais. De plus, ma plus grande peur, ce sont les fantômes. J’avais pris la boîte à musique, mais, par accident, je l’ai laissé tomber par terre et, à ce moment-là, nous nous sommes retrouvées dans le passé, sans plan. C’était clair que nous étions dans les années 1930, ou peut-être 1920, à cause des coiffures et des vêtements des femmes. Comment je le savais ? J’avais des A en univers social.
- Trouve comment retourner au présent pendant que je cherche Maude, lui dis-je.
- D’accord, répondit-elle.
- Je cherchai partout. Où était-elle ? Est-ce que c’était trop tard ?
Je descends au sous-sol et je réalise que c’est la nuit et que tout le monde dort. Tout à coup, j’entends des chuchotements au sous-sol, derrière une porte, et la voix de Maude.
- Arrête et partez avant que je crie à l’aide, dit-elle.
- Humm… Qu’est-ce qu’on va faire avec toi ? demande l’un des hommes.
Ils allaient probablement la tuer, comme l’homme nous l’avait raconté. Devais-je sauver Maude et risquer ma vie ? Je saute dans la chambre sombre et prends la main de Maude. Nous courons très vite pendant que les hommes nous poursuivent. Lorsqu’on les perd, je rassure Maude en lui disant que tout va bien et qu’elle doit se cacher pendant que quelqu’un arrivera. Ensuite, je retourne dans ma chambre d’hôtel future où je trouve Anne avec la réponse sur la manière de sauter dans le temps.
- La garde-robe est un portail, m’explique-t-elle, c’est ainsi que je suis revenue au présent la dernière fois.
- On y va, répondis-je en espérant fort.
Nous sautons ensemble dans le portail, espérant que ça fonctionne. Heureusement, nous revenons en 2025. Quelques semaines après avoir sauvé Maude, dans la voiture, nous retournions à la maison. Quelle aventure ! Soudainement, Anne crie d’arrêter la voiture. Ma mère s’arrête près d’un cimetière. Ma sœur et moi descendons du véhicule où nous nous trouvions et apercevons une pierre tombale de notre chère amie Maude. Elle était morte à cent ans et avait été une mère et une femme.
- Je suis contente qu’on ne soit pas allées à Hawaï, dit ma sœur.
- Moi aussi, lui répondis-je en souriant.

